Humans of Food #23
Titin
Cuisinière indonésienne à Strasbourg
Titin est une cuisinière accompagnée par Stamtish. Elle est partie d'Indonésie pour arriver à Strasbourg en 2019. Elle s’est prise de passion pour la cuisine depuis qu’elle a rencontré Tahmara, encadrante technique chez Stamtish, et va maintenant vivre de cet amour pour la cuisine dans le restaurant, Les Culottées, partenaire de l’association.

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Titin, je suis indonésienne, j’ai 53 ans. Je suis arrivée en 2019 tout de suite à Strasbourg. Je suis venue en France parce que je me suis mariée avec un Français mais il est décédé il y a deux ans. Toute ma famille est en Indonésie.
Est-ce que tu as un souvenir particulier lié à la cuisine de ton enfance ?
Oui, ça s’appelle Risole, ce sont des espèces de croquettes farcies avec de la purée de pomme de terre, du poulet ou d’autres choses salées. Ma grand-mère vendait ce traditionnel gâteau d'Indonésie pour gagner de l’argent et payer les études de ma mère. Il y a beaucoup de plats d’Indonésie que je souhaite refaire mais c’est difficile de trouver les ingrédients ici en France. J’ai toujours aidé ma maman.
Quelle a été ta première découverte en France ? La chose culinaire qui t’a le plus marquée ?
Mon mari cuisinait des escalopes de poulet avec de la sauce aux champignons. C’est mon premier souvenir de cuisine en France. Mais mon mari ne mangeait pas des choses compliquées. Par exemple, il cuisinait des ribs avec juste du sel, du poivre et parfois il ajoutait de la sauce tomate mais c’était bizarre pour moi parce qu’en Indonésie on cuisine toujours avec du riz, des légumes ou de la sauce. Mon mari mangeait simplement. Sinon je connais le couscous, la shakshuka, la chorba mais pas de plat de cuisine française.
Est-ce que ça t'est déjà arrivé de ressentir des émotions particulières quand tu cuisines ?
Si oui, lesquelles ?
C’était très bizarre au début parce que je ne connaissais rien à la cuisine française, je n’avais pas l’habitude de manger du fromage ou de boire du lait. C’est très différent de mon pays mais, petit à petit j’ai goûté, car mon mari me disait toujours de goûter. Quand c’est pour moi même, je suis contente de cuisiner, mais quand je cuisine pour les autres comme mes ami.e.s ou mon mari je suis stressée, mais je suis contente quand même ! Je veux qu’iels soient heureux.se.s de manger. Mon mari était assez compliqué et j’avais toujours la crainte de lui faire quelque chose qu’il n'aimait pas.
Pourrais-tu nous parler d'un plat / d'une cuisine qui t'a déjà fait voyager / qui t'a ouvert sur un nouvel univers ?
Oui, c’est le rendang. C’est du bœuf ou du poulet piquant qui vient du Nord de Sumatra. C’est pas très connu mais j’adore ça.
Qu’est-ce que tu aimerais transmettre avec la cuisine ?
Je veux que les personnes qui goûtent ma cuisine soient contentes. C’est simple, mais j’aimerais leur donner envie d'aller en Indonésie.
Aurais-tu un souvenir à nous partager dans lequel la cuisine t'a permis de transmettre quelque chose d'important pour toi ?
Un jour, mon amie française est venue me voir et avant de manger, elle n'avait jamais penser à aller en Indonésie. Après avoir goûté ma cuisine, elle a dit à son mari et ses enfants qu’elle voulait y aller avec toute sa famille dans trois ans.
Avec qui préfères-tu cuisiner ?
En équipe, avec mes ami.e.s, avec ma famille ! Quand je cuisine sans ma mère par exemple c’est pas le même goût, mais peut-être que j’oublie des épices, par exemple...
Comment es-tu en cuisine ?
Je suis pas toujours très carrée, mais quand je cuisine je prépare tout en avance. Je ne peux pas faire comme d’autres personnes et tout sortir au fur et à mesure. Je préfère quand tout est prêt pour pouvoir cuisiner sereinement.
Signé : Catherine Regnier